Retour du mode conquête et métagame manichéen: Comment vaincre le couple Druide/Démoniste ?

JHden | 26/06/2018 à 11h30 - 5

Cela fait maintenant plus d'un mois que les nerfs sont passés et que les tournois s’enchaînent en alternant le format Roi de la colline et conquête. Si le premier mode a permis l'accélération du méta, le retour des decks tempo et agressifs et a rétabli un certain équilibre, le second est bel et bien toujours sous la domination du duo Démoniste/Druide et chaque line up a pour but de tirer parti de leurs faiblesses.

Cette semaine est particulièrement intéressante en terme de line ups car nous avons eu à la fois les championnats nationaux dans 7 pays différents, représentant le niveau semi-pro avec 64 joueurs par pays, et la révélation des decks qui seront joués au championnat du monde d'été, le top 16 mondial de la saison printanière, pinacle de la scène compétitive et de la maîtrise du jeu sous le Bois maudit.

Ces deux événements étant sous le même format, conquête BO5, ils ramènent le métagame à sa question la plus brûlante depuis un mois : Comment battre Gul'dan et Malfurion efficacement ? 


Le mode conquête force la main aux joueurs compétitifs

Ce titre est plus une réflexion personnelle qu'un fait. Avec les années, le monde très compétitif d'Hearthstone a appris à utiliser beaucoup d'outils objectifs permettant de rationaliser les décisions quant aux meilleurs decks et aux cartes techniques du moment. Je veux parler des outils de statistiques et de tendances (HSreplay, Vicious Syndicate...), et de l'influence des réseaux sociaux qui permettent de donner une valeur énorme à un résultat au final anecdotique si on l'intègre à la masse colossal que peut représenter le ladder Hearthstone.

De part ces outils, la surprise est presque impossible dans ce jeu, et la solidité finit toujours par l'emporter à la fin des tournois. En faisant le choix le plus rationnel des decks avec les meilleures statistiques, et avec les conditions d'apprentissage des joueurs actuellement (salaires, groupe d'entrainement...), les matchs en tournois se jouent plus au final sur la qualité de la pioche que sur la qualité du joueur ou de ses decks. Ironique de jouer sur le facteur chance quand on cherche à optimiser son pourcentage de victoire, non ?

Le mode conquête est le paroxysme de ce phénomène dans lequel les joueurs doivent choisir entre essayer de battre un deck précis tout en se protégeant pour ne pas qu'il leur arrive la même chose. Le constat final est ainsi que les decks les plus forts du moment sont amenés, en cherchant à les tourner vers une cible plus ou moins précise. Et dans un métagame ouvert, cette situation est optimale au final.

Mais dans un environnement où 2 classes seront ramenées par 90% des joueurs, et bien la construction de la line up ne se fait plus en fonction de ce que l'on veut contrer, mais comment on veut le contrer. Et cela retire dès le constat de base, la première phase de réflexion.

En ce qui concerne la seconde phase, le jeu s'en charge pour vous dans la très grande partie, toutes les informations étant accessibles. Les joueurs n'ont ainsi plus que la phase de test à réaliser et la phase de recherche et de création a presque entièrement disparu du mode conquête de nos jours. Et ce phénomène se vérifie totalement dans les plus haute sphères du jeu, en étudiant les decks des 16 joueurs du championnat d'été.


Le plus haut niveau mondial ou la recherche du pourcentage miraculeux

Les 9 classes représentées, des decks de cette extension (Démoniste pair, Paladin impair) et d'autres qui sont des reliques du jeu (Voleur miracle), pourquoi devrais-je me plaindre au final ?

Et bien simplement parce que si ce que les analystes ont vu, c'est de la diversité dans ce qui est amené, je ne vois personnellement que des façons différentes de cibler le même archétype : un deck Midrange qui donne les 3 premiers tours à son adversaire pour ensuite prendre le contrôle de la partie avec une table démesurée --> Druide taunt principalement et Démoniste pair dans une moindre mesure.

Prenons les classes les plus populaires après les 2 dominants et voyons les tendances (pourcentage issus de HS replay, utilisons les mêmes outils que les joueurs).

  • Chaman : 7 Carniflores : 54% contre Fruide taunt  - 4 Pairs : 66% contre Druide taunt
  • Voleur : 9 Miracles : 65% contre Druide Taunt
  • Mage : 5 Big spell : 58% contre Druide Taunt
  • Chasseur : 4 Recrues : 52% contre Druide taunt
  • Paladin : 3 Impair : 58% contre Druide taunt
  • Prêtre : 3 Contrôle : 45% contre Druide taunt  - 1 combo : 59% contre Druide taunt 
  • Guerrier : 1 Quête : 33% contre Druide taunt. 

Selon ce fait, Druide est défavorable contre 33 decks sur les 64 ramenés lors de ces championnats, et lui même représentant 9 decks, cela fait 42 decks sur 64 (65,6% du tournoi donc) dans lesquels sa meilleure chance est de 50%.

Au final, ce que l'on considère comme de la diversité pourrait s'apparenter à des produits substituts qui remplissent tous le même rôle. Et la grande majorité des joueurs ne font ainsi que jouer sur leurs préférences de jeu en adoptant tous la même stratégie, car c'est la meilleure stratégie selon les outils disponibles.

C'est celle qui donne le moins de risques quant aux decks les plus populaires tout en se donnant une chance contre les decks dominants.

Le mode conquête offre ainsi un format très limité à mes yeux, dans lequel la diversité des decks n'indique aucunement une diversité du gameplay. Et le développement des outils d'analyse ne fait que renforcer ce phénomène en donnant aux joueurs toutes les clés pour avoir une line-up rapidement, sur laquelle ils favoriseront le temps de jeu à la construction atypique. La démarche est ainsi plus de battre les pourcentages annoncés par les outils d'analyse que de chercher à en créer de nouveaux.

Pour ne pas tout voir en noir, certaines line-up pourraient tirer leur épingle du jeu, notamment Turna et Killinallday qui ont fait le choix de decks tempo et qui pourraient être récompensés par la présence des Voleurs et Chasseurs, tous deux très bons contre Druide actuellement, mais qui supportent très mal l'agression de début de partie. En choisissant des decks qui ont prouvé beaucoup plus en KOTH qu'en conquête dernièrement, ils font le choix de bannir Démoniste et de se donner plus de chances sur les decks 3 et 4, decks sur lesquels il y avait beaucoup moins d'informations disponibles avant le tournoi.

Le fait que le risque ne soit que très réduit à ces niveaux de jeu est totalement compréhensible, les joueurs se faisant plus confiance dans leur niveau de compréhension du jeu pour se sortir de situations difficiles. Ils misent sur eux et leur maîtrise de decks très puissants plutôt que sur une prise de risque dans le tournoi le plus important de l'année.


Les championnats nationaux, l'opposition de 2 idéaux

Ce week-end avait également lieu les championnats nationaux organisés par l'ESL et qui couronnaient 7 champions. Tous les tournois étaient au format Conquête BO5.

En France, le grand vainqueur sera Draz, joueur de l'équipe HYL (hyde your lans), qui aura choisi de contrer ces decks plus lents justement et qui aura été récompensé pour sa prise de risque (Mage tempo, Druide spiteful, Voleur miracle, Chasseur recrutement) en ayant une lecture très bonne du métagame sur la surpopulation des Démonistes pairs.

La tendance à travers l’Europe aura été assez bien répartie entre les joueurs cherchant à battre Démoniste/Druide et ceux qui cherchent à battre ces derniers avec des stratégie agressives. Au final, les deux stratégie se seront imposées avec 3 victoires pour les decks lents et 4 pour les plus rapides, montrant un excellent équilibre entre les deux stratégies dominantes actuellement. 

  • Seiko s'impose en Allemagne avec Druide taunt, Voleur miracle, Prêtre combo et Démoniste pair
  • Rikikitavi s'impose en Russie avec Druide Taunt, Chaman carniflore, Démoniste pair et Chasseur recrue
  • SirSalty s'impose en Angleterre avec Druide token, Prêtre combo, Démoniste pair et Chaman pair
  • Dawido s'impose en Pologne avec Démoniste pair, Paladin impair, Druide token et Chaman pair
  • BIGEldrazi s'impose en Espagne avec Druide hadronox, Chaman carniflore, Démoniste cube et Voleur miracle
  • èp92 s'impose en Italie avec Démoniste pair, Chaman pair, Druide token et Mage contrôle

Sur 7 tournois, on distingue ainsi 2 stratégies très dominantes. Celle que l'on pourrait qualifier de "pro", avec des decks plus lents, qui vont demander plus de prises de décisions, et qui vont chercher à contrer le métagame dominant du druide et du démoniste. Et la line up Tempo, plus dans une optique de rythme, qui vient souvent punir les decks 3 et 4 des line up pro en adoptant un style basé sur la pression et qui laisse peut de place aux stratégies qui demandent du développement.

L'opposition de ces deux styles a de grandes chances d'être la monnaie courante du mode conquête pour le mois et demi à venir jusqu'à la prochaine extension. À voir si un joueur pourra trouver un deck qui pourra changer cette tendance, et le faire accepter par la communauté pour qu'il ait un impact sur l'environnement par la suite.

5 commentaires - [Poster un commentaire]


Chargement des commentaires...

Poster un commentaire

Vous devez vous identifier pour poster un commentaire.
Nombre de visites sur l'accueil depuis la création du site Hearthstone : 32.802.626 visites.
© Copyright 1998-2024 JudgeHype SRL. Reproduction totale ou partielle interdite sans l'autorisation de l'auteur. Politique de confidentialité.