La dualité Ladder - Tournoi : Des modes de jeu si proches et pourtant si différents

JHden | 24/07/2018 à 17h30 - 7

L'extension arrive à ses limites et les nouveaux decks se font extrêmement rares en cette fin de juillet. Seule l'arrivée du Démoniste zoo il y a une dizaine de jours a apporté un peu de fraîcheur au ladder et forçant les decks à s'adaptant à une nouvelle vague de decks agressifs, empêchant le ladder de basculer vers une guerre des decks les plus "greedy" possible.

Mais assez étonnamment, cette tendance n'a pas vraiment pris dans la sphère des tournois et ce sont encore les decks les midranges et contrôles qui dominent cette facette du jeu. Le Druide Malygos a assis sa domination sur les autres itérations de Malfurion, le Démoniste pair est toujours très actuel en tournoi, et à coté d'eux, le Chaman carniflore est extrêmement populaire dans un environnement lent, tout comme le chasseur recrutement.

Alors aujourd'hui, explorons les raisons d'un clivage aussi grand entre les deux grandes facette du jeu, le ladder contre les tournois.


1. La qualité contre la quantité

Avant de s'attaquer à la puissance pure des decks et ce qui motive leur choix, il y a un paramètre inhérent à Hearthstone qui n'a rien à voir avec le métagame : En ladder on veut faire beaucoup de matchs, en tournoi on veut un excellent winrate.

Depuis toujours, les decks agressifs sont le choix des joueurs qui veulent atteindre un objectif précis en fin de saison lorsqu'ils sentent que le temps commence à manquer. Même avec un winrate de 55% par rapport à un deck contrôle qui en aurait 58 ou 59%, le deck agressif pourra compenser ces défaites supplémentaires par la quantité de match qu'il peut jouer.

Par exemple, jouer 100 parties de 8 minutes (la moyenne pour un deck Paladin impair ou Zoo actuellement) équivaut à 13 heures et 20 minutes. Alors que pour des parties de 15 minutes (la moyenne des parties en Druide Malygos, le deck le plus puissant actuellement) il faudra 25 heures.

En 25 heures, le Druide aura fait un score de 59-41, le zoo aura fait 55-45 (13h20) plus 87 parties avec le score de 48-39  (11h40) soit au final 103-84 soit un score de +19 alors que le Druide n'aura fait que +18 sur le même temps. L'exemple le plus courant en fin de saison étant le joueur qui cherche à atteindre le rang légende, il a ainsi tout intérêt à jouer un deck agressif qui lui gagnera une étoile de plus sur la période de temps.

Les decks agressifs deviennent donc l'option la plus réaliste pour ces joueurs et cela crée des phases très agressives sur le ladder, phases qui n'ont pas de raison d'être en tournoi, car la quantité de ne compte pas. Tout le monde ayant le même nombre de parties à jouer.

En tournoi, le choix se fait autour de 2 critères : Les decks avec le meilleur winrate et ce qui permet de les contrer (et contrer le contre...), les decks agressifs n'étant actuellement pas les decks avec le meilleur winrate ni des contre très efficaces aux meilleurs decks du méta, il est logique qu'ils ne soient pas si populaires en tournoi.


2. La quantité d'information nécessaire pour jouer est extrêmement différente

En ladder, un deck suffit à pouvoir atteindre tout type de rang, il suffit de trouver quelque chose qui nous plait et qui peut fonctionner dans le méta. En tournoi, il faut être capable d'articuler une stratégie autour de plusieurs decks (4 le plus souvent) et qu'elle soit cohérente dans le métagame.

Actuellement, le jeu ne dispose pas vraiment de 4 decks agressifs très puissants, ce qui rend la possibilité de faire une stratégie uniquement agressive très difficile. En revanche, jouer 4 decks midrange / contrôle est assez simple et il existe déjà beaucoup de stratégies utilisées à chaque tournoi dont les joueurs peuvent s'inspirer. Cela rend, assez ironiquement, les stratégiques basées autour des decks plus techniques plus accessibles car beaucoup plus diffusées sur le net. Le fait que la stratégie soit expliquée, les decks déja faits et les résultats avec cette stratégie présents depuis plus d'un mois désormais rassure énormément les joueurs qui se tente à jouer ces decks malgré une maîtrise approximative de plusieurs decks de la line-up.

En ladder, le phénomène est assez différent, puisque c'est une information générale sur tout le métagame couplé à une très bonne connaissance d'un seul deck dont il est question. Et il est également possible d'utiliser des decks avec des stratégies linéaires, qui s'adapte beaucoup moins à l'adversaire pour les joueurs qui ne voudraient pas faire ce travail d'information.

De plus, l'information pour le ladder peut s'acquérir en jouant en ladder et en prenant des notes pour au final comprendre les 5 ou 6 match ups les plus importants de notre deck. En tournoi, il faut multiplier cette information par 4 (nombre de decks joués) et également se concentrer sur la cible de notre stratégie, cible qui n'est pas forcément toujours populaire en ladder (et qui nous demande donc de créer des conditions particulières). Ce qui explique bien pourquoi les stratégies ayant fonctionné vont être beaucoup plus facilement copiées pour les tournois que pour le ladder. Et donc pourquoi le ladder a plus de diversité entre les decks agressifs et contrôle par rapport aux tournois.


3. Le pourcentage de joueurs professionnels entre les deux mondes

La sphère professionnelle a une influence énorme sur le jeu de façon générale, il s'agit des personnes les plus suivies sur les réseaux et les plus relayées sur les sites d'informations divers, ce qui fait que leurs decks sont les plus testés.

Cependant, ils ont également, en proportion, les decks les plus difficiles à jouer, car ils demandent du temps et un investissement très grand, qu'un joueur professionnel peut se permettre, alors qu'un autre ne pourrait pas, ou du moins pas autant. Cela fait, que très souvent, les decks des pros sont les plus testés mais également les plus vite abandonnés car les joueurs plus casuals n'arrivent pas à atteindre un niveau suffisant assez rapidement et la frustration et l'envie de monter le ladder les fait changer d'avis.
Cependant lorsqu'il s'agit d'un joueur non professionnel qui fait connaitre son deck, il est très probable que son deck soit plus accessible et donc se répandent plus en ladder car les joueurs ne l'abandonneront pas aussi rapidement, même si le deck a un potentiel plus faible. 

Ce phénomène est beaucoup moins présent en tournoi, les enjeux poussant les joueurs a s'investir plus dans la préparation, et la flexibilité dans le choix des decks ou des cartes étant beaucoup plus compliquée à articuler dans une line-up de 4 decks que dans un environnement large avec un seul deck à jouer comme le ladder.  Ainsi, un joueur aura beaucoup plus tendance à copier une line-up entière pour un tournoi, ne sachant pas forcément quoi adapter dans les decks, ou ayant peur de ne plus respecter la stratégie de celui qui l'a mise au point. 

Alors qu'en ladder, il peut changer de deck à sa guise et remplacer des cartes dans des decks qui ne viennent pas de lui. Le cadre du ladder est beaucoup plus large que pour les tournois, et les decks ne sont pas figés non plus, ce qui laisse plus de liberté au joueur pour adapter ce qu'il joue, 

L'autre explication sur le fait que les pro sont beaucoup plus suivis en tournoi qu'en ladder est l'exposition qu'il reçoivent, qui est beaucoup plus importante en tournoi. 

En effet, en ladder, les pro représentent 1% ou moins de ce qu'un joueur en légende pourra rencontrer, et à moins de le suivre sur ses réseaux ou en stream, vous ne savez pas ce qu'il fait. En revanche, en tournoi, le relais des sites est beaucoup plus important et l'information est beaucoup moins évitable. De plus, gagner un tournoi et atteindre un haut rang en ladder n'a pas du tout le même impact dans l'esprit général, le tournoi prenant une place beaucoup plus importante.

Sur un tournoi à 256 joueurs comme c'est la norme, la part de joueurs pros est de 15 à 25% minimum, ce qui augmente énormément la chance que l'un d'eux fasse une performance notable. De ce fait, les decks compliqués imaginés pour les tournois se voient être mis en avant lors d'occasions très particulières et sont difficiles à prendre en main, on en parle beaucoup lorsqu'ils participent à une performance, mais cela ne dure pas longtemps.

De l'autre coté, des decks plus simples à jouer sortent au grand jour plus régulièrement et sans forcément de raison particulière. Cela peut venir de twitter, d'un stream, du fait qu'on le rencontre beaucoup en ladder dernièrement... ce qui les rend également plus accessibles dans l'esprit du joueur car il n'y a pas d'enjeu ou de contexte de tension lors de la découverte du deck.


4. En tournoi, on peut bannir un deck

La raison la plus évidente malheureusement, mais quand un deck domine le ladder, il force tous les autres à s'articuler autour de lui. Et actuellement, Malfurion empêche énormément de decks d'exister et force donc les joueurs en ladder à jouer des decks qui sont corrects ou forts contre au moins 1 à 2 archétypes du Druide.

Ce fait seul explique la très grande proportion à l'agression en ladder, réduire le nombre de tour dans un match étant actuellement le meilleur moyen de lutter contre le gain de mana du druide (moins on joue de tours et moins la différence de ressources a d'impact). Alors qu'à l'inverse, des decks contrôles comme le Prêtre contrôle, actuellement excellent en tournoi, n'existe presque pas en ladder car le druide Malygos le démoli régulièrement.

Un peu comme une conclusion à cette article et bientôt à cette extension, la dualité qu'il peut exister entre le ladder et les tournois produit un effet très bénéfique et un très pervers sur le jeu et pousse ce clivage beaucoup plus loin que simplement les decks joués.
D'un coté, les joueurs qui vont en tournoi régulièrement adore ce métagame, pensent qu'il fait partie des plus équilibré depuis très longtemps et ont peur de l'extension qui arrive et qui pourrait tout changer.

De l'autre coté, les joueurs ne jouant qu'en ladder ne veulent qu'une chose, voir l'extension arriver pour rétablir un équilibre entre les 9 classes qui est inexistant depuis plus d'un mois maintenant avec la disparition des classes qui ne peuvent pas jouer de decks forts contre le Druide malygos (Guerrier, Prêtre, Mage).

Nous avons donc également un fossé sur la perception du jeu en fonction du mode préféré de chacun, et qui ne se résoudra que si l'extension permet de ramener un équilibre qui était très bon au début de l'extension et qui s'est perdu avec le temps.

7 commentaires - [Poster un commentaire]


Chargement des commentaires...

Poster un commentaire

Vous devez vous identifier pour poster un commentaire.
Nombre de visites sur l'accueil depuis la création du site Hearthstone : 32.858.336 visites.
© Copyright 1998-2024 JudgeHype SRL. Reproduction totale ou partielle interdite sans l'autorisation de l'auteur. Politique de confidentialité.