Le Chevalier de la Mort est-il une classe ratée dans Hearthstone ?

On pose la question, mais on y répond aussi
JHden | 16/12/2022 à 14h58 - 15

Les championnats du monde débutent ce vendredi, réunissant 16 des meilleurs joueurs de l'année 2022. Évidemment, le tournoi devrait servir d'étalon de valeur au métagame actuel et énormément influencer les decks qui seront populaires dans le futur proche.

Le tournoi devrait aussi servir de baromètres à la puissance de chaque classe, particulièrement le Chevalier de la Mort qui a même reçu un petit cadeau de la part de Blizzard. Durant tout le tournoi des championnats du monde, la classe ne peut pas être bannie par les joueurs.

Une règle qui devrait être facile à respecter car aucun des 16 joueurs n'a amené le nouveau Chevalier de la Mort, absent du tournoi comme quatre autres classes. Le Roi Liche rejoint donc Rexxar, Thrall, Gul'dan et Garrosh parmi les classes qui n'auraient à priori pas d'intérêt compétitif à l'heure actuelle. 

Rexxar peut se comprendre, la classe devant encore se relever de son nerf récent sur son archétype de l'extension. Pour le Chaman, Démoniste et Guerrier, les outils reçus ne semblent simplement pas apporter assez pour que la classe ait trouvé son rythme. Et cela se comprend quand on voit ce dont sont capables les autres classes, notamment le quatuor de tête : Chasseur de démons, Voleur, Prêtre et Druide. 

En ce qui concerne le Roi Liche cependant, c'est tout de suite beaucoup plus inquiétant car cela peut indiquer plusieurs choses quant au design de cette extension sur le plan général : 

  • Les développeurs avaient-ils prévu la puissance des autres classes ? 
  • Le design du Chevalier de la Mort est-il adapté au Hearthstone actuel ? 
  • Le système de rune n'a-t-il finalement pas dilué les outils dont disposait le Roi Liche pour faire ses decks ? 

Des questions qui paraissent très importantes pour évaluer l'impact de la classe. En effet, avec moins de deux semaines depuis la sortie de la classe qui devait être l'étendard du jeu jusqu'à la prochaine rotation, le Roi Liche est en passe d'être déjà considéré un héros comme les autres. Pire, une classe comme les autres mauvaises classes du jeu. 


1. Peut-on passer à côté d'autant de combos à la fois ?

Mis en avant par de nombreux joueurs avant même la sortie, le Chevalier de la Mort semblait avoir deux gros défauts comparé aux classes habituellement dominantes : Peu de pioche et pas de triche sur le mana. 

Le premier aspect pourrait être considéré comme une identité, basée autour de la découverte de cartes au lieu de creuser dans son deck. Cela a bien fonctionné pour Anduin, il y a un an, et c'est même devenu la base du deck le plus reconnu de la classe pour l'instant : le DK Sang.

Mais cela reste un problème pour la Rune de Givre et l'Impie, qui même si elles peuvent, elles aussi, se reposer sur la découverte, sont plus facilement punies quand elles ne trouvent pas les bonnes cartes. Ainsi, la Rune de Givre souffre de son manque de génération de cadavre et la Rune Impie de sa faible capacité réactive. Cela amène au même point dans les cas, c'est difficile de suivre des adversaires qui ont constamment des possibilités en main. 

Mais si cela n'était que le seul problème, Arthas aurait surement été capable de se faire une petite place dans une line-up des championnats du monde. Le vrai problème, ce n'est pas tant le manque de possibilité, c'est ce que l'on fait quand on en a. 

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"C'est un sentiment bizarre après avoir joué un ou deux jours en arène de retourner sur le ladder et se rendre compte que les gens jouent des decks Chevalier de la mort qui font 10 victoires, sauf qu'ils ont 40 points de vie."


Ce tweet du commentateur Sottle résume bien la situation. Le Chevalier de la Mort a tous les codes de l'arène, pas ceux du monde compétitif. Une classe qui ne s'épuise pas, qui découvre des cartes, qui utilise son mana de façon linéaire et qui cherche à épuiser les ressources adverses. Ce n'est pas particulièrement mauvais, mais ce n'est pas comme ça que l'on gagne aujourd'hui dans Hearthstone. 

Contre Druide et ses 20 manas, Voleur et ses tours à 14 ou 15 cartes jouées, Prêtre et ses serviteurs 20/20 ou sa valeur illimitée ou encore Chasseur de démons et ses combos de dégâts, Arthas fait bien pâle figure. Ainsi, après avoir affronté l'une de ces quatre classes, on a très vite envie de jouer autre chose que le nouveau Chevalier de la mort, et c'est bien normal. 

Mais ce que je ne comprends pas, c'est comment autant de joueurs ont pu voir cette situation avant même d'avoir les cartes à disposition et que cela soit tout de même sorti en l'état.

Je ne blâme pas les développeurs, la puissance d'une communauté de millions de joueurs quand il s'agit de trouver les combinaisons les plus fortes est évidemment bien plus grande que celle d'une équipe. Mais même si on retire Druide Ramp avec le nouvel Anub'Rekkan et le Chasseur de démons Quêtes. Le Chevalier de la mort continue de faire pâle figure en comparaison à des decks de l'extension précédente comme le Voleur Miracle ou le Prêtre Bénédiction, des decks impossibles à rater à priori. 


2. Le Chevalier de la Mort, inadapté au Hearthstone moderne. 

Il est évident que la façon de jouer à Hearthstone en compétition, c'est un jeu très rapide, basé sur le fait de réaliser un combo auquel l'adversaire ne pourra répondre. Néanmoins, Hearthstone dans sa plus grande partie, ce n'est pas la compétition. Il s'agit de joueurs qui souhaitent simplement s'amuser avec des personnages qu'ils aiment, éventuellement se fixer un objectif de rang, et de temps en temps s'essayer à de nouvelles synergies qui ont l'air amusantes. 

Alors se dire que la nouvelle classe ne fera pas de combos, et reviendra aux vraies valeurs qui ont fait Hearthstone à ses débuts, pourquoi pas. Après tout, la compétition sur le jeu souffre depuis des années, et n'est plus une priorité comparée au développement d'autres modes de jeu par exemple.

Mais voilà le problème, même dans ce domaine, le Roi Liche est à la traîne même si les combos ne sont pas de la partie. 

À regarder la line-up du joueur Indien Mighty, on peut voir que ce dernier n'a amené que des decks de valeur et aucun de combo. Une stratégie qui semblerait donc se prêter parfaitement à la nouvelle classe, justement basée sur la découverte et la capacité à jouer dans le temps. Raté.

Aujourd'hui, la condition de victoire d'un deck défensif se doit d'être absolue, inévitable pour l'adversaire. Et Arthas en dispose, avec la carte Alexandros Morgraine, qui inflige 3 points de dégâts à l'adversaire après chaque tour. Mais comparé aux quatres decks amené par le joueur indien, la carte fait pâle figure : 

  • Mage Ping : le pouvoir héroïque dépassera largement les trois dégâts, donnant une source de dégâts réguliers bien meilleure dans le temps. 
  • Paladin Kazakusan : Cariel Sancteforge représente deux dégâts par tour avec son arme à la durabilité infinie. Et Kazakusan représente beaucoup plus que trois dégâts par tour avec ses trésors. 
  • Prêtre Quête : Le héros adverse explose, ne nous embêtons pas avec les calculs. 
  • Voleur Jackpot : Deux points de mana offerts par tour doivent pouvoir rivaliser avec trois dégâts. Et je ne vous compte pas la quantité de sorts d'autres classes générés durant la partie. 

Au-delà de l'ironie qu'une classe basée sur trois runes différentes perdent sur tous les tableaux face à Voleur et Prêtre, que ce soit les combos ou la valeur potentielle, la question se pose : Que reste-t-il au Chevalier de la mort pour exister en tant que classe ? 

Pas grand-chose en réalité, car même si nous allons voir du côté du développement de la table avec la Rune Impie. Cette dernière est beaucoup moins rapide que le Druide Aggro (Une autre classe qui fait mieux qu'Arthas dans tous les archétypes...) et moins synergique que le Chaman Renathal dans son développement par exemple. 

Et on en vient donc à se poser la grande question, ce nouveau système de runes n'est-il finalement pas un problème ? En voulant donner plein de possibilité à cette nouvelle classe, a-t-on oublié de lui donner une identité forte, sur laquelle elle pourrait se reposer ? 


3. Les Runes, une idée géniale, mais sans aucun soutien solide

Il existe très peu de decks dans Hearthstone actuellement qui peuvent se vanter d'être polyvalent parmi les meilleurs en compétition. À l'inverse, les decks qui dominent sont ceux qui semblent avoir poussé leur concept si loin que l'adversaire ne peut y répondre convenablement. Cela n'empêche pas un deck d'avoir plusieurs possibilités pour atteindre sa situation finale, mais souvent, cette dernière est très claire dès le départ. 

Dans le cadre du Chevalier de la mort, les trois Runes paraissaient chacune correspondre à cette description, ayant chacune leur spécialité et poussant un style de jeu différent. Cependant, là où les autres classes disposent de 92 cartes contre 68 pour le Roi Liche, elles disposent aussi de la totale liberté d'utilisation de ces cartes. 

Alors oui, l'argument comme quoi chaque classe dispose aussi de plusieurs synergies est vrai. On n'aurait pas idée de jouer Bingo dans Voleur Miracle ou Bombes de Lumière dans Prêtre Bénédiction. Mais cela amène tout de même à une énorme différence : Les meilleures cartes sont partout pour les autres classes. 

Imaginez en Voleur si Préparation était uniquement jouable dans Voleur Miracle, le coup immédiat que cela serait pour les autres archétypes. Ou si les Reliques du Chasseur de démons n'étaient pas jouables avec la quête ? Hop, plus de deck dominant pour Illidan. Enfin, si le Poisson-Clown du Chaman n'était disponible que dans l'archétype Murloc, terminé pour le deck Renathal. 

Le premier problème que rencontre Arthas avec le système de rune, c'est qu'il n'a pas accès comme les autres à ces cartes qui remplissent. Celles que l'on peut mettre dans un deck sans que cela pose un problème, qui viendront servir de vingt-neuvième ou trentième juste pour faire le compte. Le Chevalier de la mort doit se servir des cartes neutres pour cela, un type de carte en voie de disparition dans les tous meilleurs decks : 

  • Voleur Miracle : Une à deux cartes neutres uniques. 
  • Prêtre Bénédiction : Une carte neutre unique
  • Chasseur de démons Quête : Trois cartes neutres uniques. 
  • Druide Ramp : Cinq à sept cartes neutres uniques sur un deck de quarante cartes. 
  • Chevalier de la mort Sang ? : Treize à seize cartes neutres uniques pour un deck quarante cartes. 
  • Chevalier de la mort Givre ? : Dix cartes neutres uniques pour un deck de quarante cartes. 
  • Chevalier de la mort Impie ? : Cinq à Sept cartes neutres uniques. Comme le druide, mais dans un deck de trente cartes. 

Forcément, c'est beaucoup plus difficile d'avoir une identité de classe lorsque l'on doit recourir aux cartes communes à toutes les cartes deux à cinq fois plus que les autres. 

L'autre problème : Les héros. 

Guff, Cariel, Kurtrus, Bru'kan, Varden ou Tamsin. Quand on a pas d'idée, c'est quand même sacrément pratique d'avoir une carte qui fait tout en même temps, de la défense d'une table à être une condition de victoire potentielle. Et que l'on peut mettre dans presque tous les decks de la classe. 

Dans la partie précédente, je comparais les conditions de victoire des decks de la line-up de Mighty à celles du Chevalier de la Mort Sang. En dehors du Prêtre Quête, chacune des comparaisons faites avec Alexandros Morgraine était l'effet d'un héros, que ce soit Varden, Cariel ou Tchak. 


4. Conclusion

A l'heure actuelle, le Chevalier de la mort est encore un concept. La peur qu'avait certains de voir une nouvelle classe arriver au moment le plus fort de l'année s'est finalement réalisée, et les outils dont disposent certaines classes font passer le Roi Liche pour un enfant de coeur. 

Alors la classe est-elle un loupé de la part de Blizzard ? Je dirais non. Les concepts sont excellents, la direction est surement la bonne pour la très large majorité des joueurs. Mais Arthas ne gagne pas, et dans le monde actuel, cela contrebalance toutes les bonnes idées qui parsèment le Chevalier de la mort. 

Après le championnat du monde, nous savons déjà qu'un autre patch d'équilibrage aura lieu, et il devrait logiquement s'occuper du quatuor actuel : Druide, Voleur, Prêtre, Chasseur de démons. 

Comme d'habitude, si des nerfs semblent inévitables pour ces decks, je me ferais l'avocat de la nécessité de renforcer les classes en retrait avant tout. D'une part pour susciter l'envie de les reconsidérer, attiré par la curiosité de nouvelles possibilités. Et ensuite pour entrer dans une dynamique de choix par envie, et non de choix par défaut, qui est trop souvent la norme quand on voit la toute puissance de certaines synergies. 

Nous devrions avoir la réponse à ce que Blizzard décidera de faire très vite après les championnats du monde. D'ici là, nous ne pouvons qu'apprécier le tournoi et le talent des joueurs qui s'y sont qualifiés, même si son métagame est loin des promesses de cette nouvelle extension.

Je suis très curieux d'avoir votre avis en ce concerne les débuts du Chevalier de la mort, et vous encourage à le partager dans les commentaires. Profitez bien des championnats du monde, et un bon jeu à tous !

Tags : Hearthstone Metagame
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